La France et la Navarre
Armando
1553 Naissance d'un héros
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La naissance au château de Pau, le 13 décembre 1553, du futur Henri IV, ne doit rien au hasard. Son grand-père, le vieil Henri d'Albret, avait incité sa fille Jeanne à retourner en Béarn pour accoucher, lorsqu'il avait appris qu'elle allait être mère pour la deuxième fois. Il faut dire que le premier fils de Jeanne d'Albret et Antoine de Bourbon venait de mourir en bas âge, sans doute victime des soins maladroits de sa nourrice. Il ne s'agissait pas de perdre un nouvel héritier.
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Les circonstances de la naissance d'Henri de Navarre sont bien connues, grâce au récit qu'en fit un chroniqueur au début du XVIIe siècle, et revêtent déjà un caractère merveilleux et épique. Le principal acteur, de façon très surprenante, apparaît être le grand-père, qui dès avant la naissance, promet à sa fille la remise d'un coffret d'or contenant son testament, à la condition qu'elle ne lui "fasse point une pleureuse ni un enfant rechigné". Pendant les douleurs de l'enfantement, il exhorte Jeanne à chanter la chanson béarnaise de Notre-Dame du bout du pont, censée aider les accouchées. Après la naissance, il s'empare du nouveau-né et lui frotte, à titre prophylactique, les lèvres avec une gousse d'ail puis lui fait respirer une coupe de vin. Le fameux baptême béarnais... Enfin, il présente l'enfant au peuple assemblé, avec ces mots "Voyez, ma brebis vient d'enfanter d'un lion", réponse tardive aux moqueries espagnoles qui avaient accueilli la naissance de sa propre fille en 1528 : "Miracle, la vache [emblème du Béarn] a enfanté une brebis".
Le château féodal
C'est probablement dès avant le XIe siècle, que fut construite la première fortification en bois sur un éperon rocheux situé entre le gave de Pau et l'un de ses affluents, le Hédas. Pau, en occitan, signifierait d'ailleurs "palissade de pieux".
De ce premier ouvrage modeste, et tirant parti d'un site naturel favorable à la fortification, les vicomtes de Béarn construisirent, à partir du XIe siècle, un château fort d'une rude simplicité.
Il subsiste de cette période, l'actuelle tour Mazères, au sud, haute de 22m30 avec des murs de 1m65 d'épaisseur, et plus tard la tour Montauser (XIIIe siècle), au nord, haut donjon carré en pierre.